Résumé :
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Chez les hommes, certains papillomavirus sont la cause des cancers de l'anus, de la sphère ORL et du pénis. Les cancers de l'anus sont plus fréquents chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, particulièrement s'ils sont séropositifs pour le HIV. En France, la vaccination papillomavirus est recommandée chez tus les hommes âgés de 11 ans à 19 ans et chez ceux âgés de moins de 27 ans ayant des relations sexuelles avec des hommes. Quelle est la balance bénéfices-risques de cette vaccination au niveau individuel et au niveau collectif ? Pour répondre à cette question, nous avons réalisé une synthèse de l'évaluation disponible selon la méthode habituelle de Prescrire. Dans un essai randomisé chez environ 4 000 jeunes hommes, dont 15% avaient des rapports sexuels avec des hommes, la fréquence de certains condylomes anogénitaux a été réduite chez eux ayant reçu au moins une injection de vaccin papillomavirus 6, 11, 16 , 18 : 1,6% versus 4,3% chez les hommes du groupe placebo, avec un suivi d'environ 3 ans. Dans cet essai, parmi les 602 participants non infectés par le HIV qui ont déclaré avoir des relations sexuelles avec des hommes et ont accepté un dépistage des cancers de l'anus, aucun cancer de l'anus n'a été rapporté, ce qui était prévisible vu la courte durée de suivi. Il y a eu 18dysplasies de haut grade dans le groupe vacciné versus 39 dans le groupe placebo. Dans un essai chez des hommes âgés de plus de 26 ans ayant des relations sexuelles avec des hommes infectés par le HIV, il n'y a pas eu d'effet du vaccin en prévention des dysplasies anales de haut grade. Notre recherche documentaire n'a pas recensé d'évaluation par essai comparatif de l'effet des vaccins papillomavirus en prévention des cancers oropharyngés. Avec un recul d'une quinzaine d'années d'utilisation des vaccins papillomavirus chez les jeunes femmes, des données épidémiologiques sont en faveur d'une réduction de la fréquence des cancers du col de l'utérus chez celles ayant et vaccinées. Dans les pays qui ont choisi d'étendre aux hommes la vaccination contre le papillomavirus, le recul est insuffisant pour connaître l'effet sur la transmission des papillomavirus, la fréquence chez les femmes des lésions précancéreuses et des cancers du col utérin. Les vaccins papillomavirus exposent, comme d'autres vaccins, à des douleurs et réactions au site d'injection, des syncopes et de très rares réactions anaphylactiques. Il n'est pas exclu que des vaccins papillomavirus exposent à un risque de syndrome de Guillain-Barré, de l'ordre de 1 cas pour 100 000 à 1 million de personnes vaccinées. Au vu des données disponibles début 2021, le vaccin papillomavirus à 9 valences a probablement une balance bénéfices-risques favorable chez les hommes les plus à risque de cancer lié à un papillomavirus, surtout ceux qui débutent ou pourraient avoir des relations sexuelles avec des hommes. La stratégie de vaccination généralisée de tous les hommes âgés de 11 ans à 19 ans est un pari pragmatique, mais avec balance bénéfices-risques plus incertaine qu'une stratégie ciblée sur les hommes à risque. En pratique, il est du rôle des professionnels de santé participant au suivi des enfants, adolescents et jeunes adultes d'aborder la question de la vaccination papillomavirus en veillant à ce que leurs propres représentations ne biaisent pas dans un sens ou l'autre l'exposé des données factuelles. (Source éditeur)
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