Résumé :
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La transplantation de cellules, de tissus et d'organes, constitue une question majeure et particulièrement intense, de la médecine aujourd'hui. Traitement ultime de pathologies incurables, exploit médico-chirurgical réalisable uniquement dans des environnements de haute technologie, dépassement des limites immunologiques naturelles, traversée des frontières interspécifiques dans le cas des xéno-transplantations, dépendance de la disponibilité et des modes d'allocation des greffons, tentation de l'instauration d'un marché et d'une économie parallèles aux conditions plus que douteuses (traite des personnes, trafic, contraintes, etc.) : ce sont autant de défis que la transplantation doit aujourd'hui affronter dans un maximum de transparence, au coeur d'une démocratie sanitaire.
Le point de vue anthropologique que je voudrais esquisser ici en appelle non seulement à une prise de distance par rapport aux problèmes contemporains, mais aussi à un recul réflexif historico-critique : outre les avancées de la connaissances et des techniques, outre les indispensables analyses de psychologie clinique qui révèlent la complexité du vécu des patients concernés et de toutes les parties prenantes (les proches des donneurs, par exemple), il importe en effet de saisir la profondeur réellement anthropologique de la greffe, en en retrouvant quelques aspects tout aussi bien dans la mythologie la plus ancienne que dans le droit le plus contemporain. C'est qu'en effet l'humanité n'a pas attendu la maîtrise des techniques de la greffe pour s'interroger sur les caractéristiques spécifiques de sa corporéité et de son identité, par rapport à celle des animaux, des végétaux et des objets. (Source éditeur)
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