Résumé :
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Le consentement des enfants dans le cadre de leur prise en charge médicale et hospitalière soulève des enjeux éthiques et des difficultés pratiques, liés à des ambiguïtés juridiques, aux représentations des enfants en vigueur dans nos sociétés, à la tension entre rythme individuel et temporalité de la clinique, ou encore aux résistances exprimées par les enfants lors de gestes soignants quotidiens. Issu d’une recherche portant sur l’expérience d’enfants béninois et togolais souffrant de malformations cardiaques congénitales et pris en charge par un programme de médecine humanitaire en Suisse, cet article vise à mettre en évidence des formes de consentement silencieuses, discrètes, graduelles et collectives qui passent souvent inaperçues dans les discours et débats éthiques entourant le concept de consentement. À partir d’observations ethnographiques au sein de différents services de pédiatrie générale et d’unités de cardiologie pédiatrique, l’article explore la manière dont les soignant·e·s et les enfants négocient et se mettent d’accord sur la tenue et les modalités de réalisation des soins et examens. En prêtant attention au consentement en train de se faire, cet article propose une conception alternative du consentement qui intègre les médiations matérielles et humaines ainsi que la notion de micro-consentement, se traduisant par un enchaînement discret et graduel d’accords se jouant sur les registres–verbal, corporel, matériel et temporel lors de situations routinières. Les données documentent l’important travail postural, corporel, émotionnel et de médiation qui est accompli par les enfants et les soignant·e·s dans des situations de soins rares du fait de l’absence d’un tiers parental. (Source éditeur)
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