Résumé :
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La question des risques environnementaux émergents a commencé à être débattue dès la fin du xxe siècle. Les crises sanitaires non anticipées, alors qu’elles auraient pu l’être si on avait su les détecter en amont et surtout percevoir et traiter les signes qui les annonçaient, ont été à l’origine de ces débats en France comme en Europe. Citons la crise de l’amiante, qui a conduit à son interdiction seulement en 1996 alors que les signaux d’alerte sanitaire existaient depuis de nombreuses années. L’histoire de la chlordécone aux Antilles est tout aussi emblématique de l’insuffisance des procédures réglementaires dans la prise en compte des alertes. On connaissait sa toxicité et surtout sa persistance dans les milieux depuis 1969. Cependant, il manquait des données sanitaires suffisantes de sorte que son interdiction en France pour le traitement des bananeraies antillaises date seulement de 1993.
Pour l’amiante comme pour la chlordécone, le manque d’anticipation et de clairvoyance malgré les alertes, le jeu des lobbies industriels et agroalimentaires ont conduit à des crises dont les conséquences ne sont toujours pas réglées trente ans après. Elles vont encore peser pendant longtemps sur les populations et les pouvoirs publics avec la question des réparations, qu’elles soient environnementales ou individuelles, et un coût collectif élevé. De plus, elles ont aussi eu pour conséquence une méfiance de plus en plus grande de la population vis-à-vis de la parole publique, celle des experts comme celle des politiques. (Source éditeur/auteur)
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