Résumé :
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L'ischémie mésentérique se définit comme une agression intestinale en rapport avec une insuffisance vasculaire, ou plus précisément comme une inadéquation entre les besoins métaboliques des organes viscéraux et le débit sanguin splanchnique. Elle peut concerner aussi bien l'intestin grêle que le côlon et peut être aiguë, constituant alors une urgence vitale absolue grevée d'une forte mortalité, ou bien chronique. Dans les deux formes, on distingue les causes occlusives, artérielles ou veineuses, de celles non occlusives pour lesquelles le pronostic est plus mauvais. Les signes cliniques de l'ischémie mésentérique sont peu spécifiques et conduisent souvent à un retard diagnostique. Aucun examen biologique isolé ne permet à ce jour celui-ci, et il repose le plus souvent sur la réalisation d'un angioscanner abdominal et/ou d'une endoscopie digestive. Dans les formes aiguës, le risque est l'évolution rapide vers une nécrose intestinale transmurale irréversible, suggérée par l'apparition d'une ou plusieurs défaillance(s) d'organe(s), une hyperlactatémie (> 2 mmol/l) ou des signes radiologiques évocateurs de complications. La prise en charge des formes précoces (non compliquées) est multimodale et repose sans attendre sur une approche médicale associant des mesures de réanimation, une antibiothérapie intraveineuse, voire per os et, lorsque c'est possible, le traitement de la cause avec une revascularisation de l'intestin viable. Dans les formes tardives ou compliquées, un traitement chirurgical avec résection de la nécrose intestinale est indiqué en urgence. Dans les formes chroniques symptomatiques, l'enjeu est de prévenir l'évolution vers une ischémie aiguë au moyen d'un traitement endovasculaire ou chirurgical puis de procéder à une renutrition prudente et à une prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires. L'ischémie colique, plus fréquente que l'ischémie mésentérique grêlique, présente plusieurs mécanismes physiopathologiques semblables ; les formes non occlusives sont néanmoins prédominantes. L'atteinte du côlon droit rejoint le pronostic de l'ischémie mésentérique grêlique, tandis que les atteintes du côlon transverse et gauche, correspondant au territoire de l'artère mésentérique inférieure, ont un pronostic moins sévère pour lequel un traitement médical conservateur est le plus souvent possible. L'ischémie colique est ainsi traitée à part dans ce chapitre. La prise en charge des ischémies intestinales est dans tous les cas une urgence et doit être pluridisciplinaire, avec au mieux des filières de soins dédiées. (Source éditeur/auteur)
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