Titre : | Psychiatrie "importée" et représentations populaires en Afrique de l'Ouest : le cas du service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso (2023) |
Auteurs : | Romain Tiquet, Auteur ; Nodjouté Hien, Auteur |
Type de document : | Article |
Dans : | Sciences sociales et santé (vol. 41, n°1, mars 2023) |
Article en page(s) : | 65-73 |
Langues: | Français |
Catégories : | |
Résumé : |
L'article d'Emilie Pigeon-Gagné et ses collègues, en s'intéressant aux représentations populaires du trouble mental au Burkina Faso, et plus précisément dans la seconde ville du pays Bobo-Dioulasso, rappelle une caractéristique de la littérature des troubles mentaux en sciences humaines et sociales : de même que la santé mentale représente le parent pauvre de politiques de santé publique sur le continent africain - selon l'OMS, en 2001, il y avait 1 psychiatre pour 5 millions d'habitants en Afrique contre 1 pour 1000 en Europe -, les études scientifiques sur le sujet restent fragmentaires et fragmentées, et parfois encore isolées de certains tournants théoriques en sciences sociales sur la "folie" (Aït Mehdi et Tiquet, 2020).
Ce court texte propose un pas de côté chronologique en s'intéressant à l'histoire du service psychiatrie de l'hôpital de Bob-Dioulasso, ouvert à la veille de l'indépendance du pays (alors Haute-Volta) en 1958, et en soulevant plus largement quelques pistes de réflexion pour une histoire multi-située du trouble mental en Afrique de l'Ouest. Il sera en effet question d'interroger les bouleversements induits par l'émergence d'une psychiatrie "importée" dans le rapport que familles, société et sa prise en charge, qu'elle soit thérapeutique (par le soin) ou répressive (l'enfermement au détriment du soin). Nous proposons de décliner ce commentaire à travers trois thématiques qui constituent davantage des pistes d'exploration que des réflexions abouties. Dans un premier temps, nous reviendrons sur l'histoire institutionnelle du service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso ouvert en 1958 en plein contexte de décolonisation de la Haute-Volta. Dans un second temps, nous nous intéresserons à la notion de transgression, évoquée dans le texte de Pigeon-Gagné et ses collègues, et plus généralement au danger ou au risque posé par un individu atteint de troubles mentaux. Nous verrons comment s'est instituée une ligne de démarcation entre des troubles mentaux jugés "acceptables" et d'autres considérés comme trop transgressifs ou dangereux pour l'ordre public et social, justifiant depuis l'époque coloniale une gestion policière et répressive de la "folie" à travers l'enfermement non pénal. Enfin, dans un dernier temps, nous interrogerons les représentations multiples et les rapports ambivalents qu'entretiennent société et acteurs médicaux et politiques face à l'hôpital psychiatrique au Burkina Faso, et plus largement en Afrique de l'Ouest, depuis la veille des indépendances. Ce commentaire est le fruit d'un travail de recherche historique en cours engagé depuis 2021 par Romain Tiquet au service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso, et de l'expérience professionnelle de Nodjouté Hien, infirmier spécialisé en santé mentale travaillant dans le service depuis 1997 et responsable de l'unité de soins depuis 2014. (Source éditeur/auteur) |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité | lien web |
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33349 | PER | Périodique | Centre de ressources documentaires IFPS | Périodique | Disponible |