Résumé :
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L'exercice de la critique et les théories qui le formalisent ont évolué au fil de l'histoire des idées. Une approche généalogique prenant en considération l'histoire de la philosophie, de la critique littéraire, de la critique esthétique et de la critique sociale, permet ainsi de mettre en évidence l'enchevêtrement et les relations étroites entre ces référentiels, ainsi que leur différenciation et leur cloisonnement progressifs. Au cours des quarante dernières années, avec l'émergence d'approches hybrides et transdisciplinaires (critical race theory, critical studies, cultural studies, ecocriticism, gender studies, media studies, post-colonial studies, etc.), le renouvellement de certaines conceptions de la critique (Keucheyan, 2013) et la reconnaissance, en Occident, d'épistémologies alternatives (De Sousa Santos, 2016), le périmètre des théories s'est étendu tout en demeurant étroitement lié à des référentiels relativement restreints et compartimentés, en regard du développement des disciplines académiques considéré dans son ensemble. A une époque marquée par les polycrises - sanitaires, sociales, économiques, politiques, environnementales, énergétiques, technologiques, etc. (Morin, 1976) -, il convient toutefois de s'interroger sur notre capacité à articuler des savoirs et des expériences issus d'horizons disciplinaires hétérogènes. De même, la circulation désormais globalisée (Cusset, 2003) de références et de conceptions étayant des discours à la fois critiques et métacritiques - c'est-à-dire formalisant l'exercice de la critique (Boltanski, 2009) - interroge les manières dont on conçoit leur développement, leur diffusion, leur institutionnalisation et leur appropriation à tous les âges de la vie. (RA)
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