Résumé :
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Les situations de vulnérabilité sociale sont un facteur connu de risque médical en périnatalité, autant sur le versant fœtal que maternel. Dans le cadre de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM), l’introduction en 2015 d’items spécifiques concernant le statut social a permis de recréer cette variable composite. Sur la période 2016–2018, une femme décédée sur trois était en situation de vulnérabilité sociale. Parmi ces 79 décès, 32 (41 %) sont en rapport avec des causes obstétricales directes, 26 (33 %) en rapport avec des causes obstétricales indirectes, 12 (15 %) en rapport avec des suicides et 8 (10 %) de cause inconnue. Les soins ont été estimés sous-optimaux dans 73 % des cas contre 64 % dans le groupe des morts maternelles sans vulnérabilité sociale identifiée. Quarante-trois décès ont été jugés probablement (n =12) ou peut-être (n =31) évitables, 25 non évitables, et 11 n’étaient pas assez documentés pour cette évaluation ; soit une proportion de 63 % d’évitabilité probable ou possible, proportion plus importante comparée à celle de 56 % d’évitabilité chez les femmes sans vulnérabilité sociale identifiée. Dans un tiers des décès maternels, un défaut d’interaction entre la femme et le système de soins était impliqué dans la chaîne des événements ayant conduit au décès, soit 2 fois plus que chez les femmes non socialement vulnérables. L’amélioration de l’interaction de la femme en situation de vulnérabilité sociale avec le système hospitalier et les réseaux institutionnels et associatifs de soins, d’accueil et d’accompagnement est une priorité. Une organisation médico-sociale spécifique et réactive pourrait y contribuer. (RA)
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